En 2018, le compositeur français Tristan Murail s’est passionné pour une série de lettres que Vincent van Gogh adressait à son frère Théo. Dans un langage confus et désespéré, le peintre y implore de l’argent, des toiles et des couleurs. L’éclat inimitable et l’imagination avec lesquels van Gogh fait revivre le paysage provençal, Murail cherche à les évoquer par des couleurs sonores.
Le choix de la flûte et du violoncelle n’est pas anodin : la palette fragile et voilée de cette combinaison – parfois rejointe par le piano – est depuis longtemps prisée dans la musique de chambre française. Dès 1915, Philippe Gaubert écrivait par exemple ses Trois Aquarelles, un magnifique exemple du style impressionniste alors en vogue en France.
On peut dire sans exagération que la France musicale n’a jamais vraiment quitté cette voie. Même Olivier Messiaen et Henri Dutilleux, malgré leurs escapades modernistes, sont restés fidèles à un idéal sonore où la couleur et le timbre occupent le centre.
La recherche devient particulièrement fascinante lorsque cette quête de nuance et de finesse s’étend jusqu’au cœur même du son. La compositrice finlandaise Kaija Saariaho – récemment disparue et ayant longtemps vécu à Paris – aimait jouer avec les harmoniques naturelles du son. À ce titre, elle est aujourd’hui considérée, aux côtés de Tristan Murail, comme l’une des principales représentantes du spectralisme.
Thomas Dieltjens, piano
Toon Fret, flûte
Martijn Vink, violoncelle



